Les ephemera comme objets-spectres : entre fonction et « absence de ».
La confusion identitaire comme dynamique signifiante
Mémoire, novembre 2024, 139 pages.Ce mémoire s’intéresse aux ephemera imprimés, une classe de documents le plus souvent définis comme limités par des vecteurs temporels ou utilitaires.
Au travers d’une analyse des moments de crise et des glissements étatiques vécus par les documents, ces recherches souhaitent sonder les mutations symboliques, communicationnelles et formelles que peuvent vivre les ephemera imprimés. Trois états – document d’archives, déchet et œuvre d’art – sont envisagés à travers trois corpus distincts, soit la collection Maciet conservée à la Bibliothèque du Musée des Arts décoratifs de Paris, une dizaine de photographies tirées du travail de la photographe allemande Ilse Bing (1899-1998) et la pratique de décollage du français Jacques Villeglé (1926-2022). Les œuvres conjurées mettent à profit – de manières très différentes – des documents d’ephemera.
C’est à travers une pensée hyperréelle s’inscrivant à la suite des théories de Jean Baudrillard (1929-2006) que le cycle de vie et les potentialités fonctionnelles, symboliques, politiques et sociales des ephemera imprimés cherchent à aboutir en une relecture ontologique de cette classe documentaire.
Un projet d’autofiction théorique, ce mémoire est un prétexte pour explorer les brèches qui s’ouvrent entre hauts moments de transfiguration. Les miennes, celles des ephemera, mais celles de tout objet également. Ces brèches, ces moments où le préfixe « infra » prend tout son sens, lorsque la matière ne peut se définir que par des termes mous.
Les ephemera me renvoient mon propre portrait, qui est celui d’une chose friable, d’une chose sensible et formellement instable. Une chose qui - presque par magie - se trouve pour se perdre.