De grès, de chair et d'encre
21 février au 4 mai 2025, Musée de société des Deux-RivesAvec les œuvres de Mauve Brochu, Naomhán Corvus, Rose Desrosiers, Allegra Hu, Le Lin, Cynthia G. Renard, Carl-Philippe Simonise et Jem Woolidge
De grès comme cel nid qu’yn corps trans construit autour d’ol.
De grès comme cel peau, lo pelure d’yn fruit mur..e, lo cuirasse d’yn sous-marin.
De grès comme lo graisse des idées.
De chair comme cel corps, comme cel pulpe.
De chair cely qui remplit yn chaise.
De chair cel poing levæ.
De chair ces cantiques, ces cris.
De chair être debout les pieds en croix.
D’encre cel corps immense.
D’encre pour teindre cel peau, cel visage.
D’encre pour yn langue nouvol.
D’encre à cracher et à lire.
D’encre pour l’autre.
D’encre pour yn nouvol lithurgie.
En réfléchissant à l’exposition, la question du lieu m’a semblé primordiale. Que faire de cet endroit – l’ancienne Valleyfield Presbyterian Church – habité par tant de spectres? Comme tout ce qui nous entoure – il est crucial de le rappeler – ce bâtiment se dresse sur un territoire non cédé, territoire sur lequel veillait et veille, entre autres, la nation Kanien'kehá:ka. Les pierres et le mortier portent la mémoire de notre histoire coloniale, ainsi que celle de l’histoire ouvrière de la bâtisse, qui, située en face de l’usine de la Montreal Cotton Company, a été fréquentée par ces ouvrier·es et leurs familles. De grès comme cel peau, lo pelure d’yn fruit mur..e, lo cuirasse d’yn sous-marin.
De grès comme lo graisse des idées.
De chair comme cel corps, comme cel pulpe.
De chair cely qui remplit yn chaise.
De chair cel poing levæ.
De chair ces cantiques, ces cris.
De chair être debout les pieds en croix.
D’encre cel corps immense.
D’encre pour teindre cel peau, cel visage.
D’encre pour yn langue nouvol.
D’encre à cracher et à lire.
D’encre pour l’autre.
D’encre pour yn nouvol lithurgie.
Ces récits entremêlés, mis en relation avec le travail d’artistes trans, non binaire et queer, produiraient immanquablement un écho percutant. Pour les personnes trans et non binaires, entrer dans une Église fait aussitôt émerger les histoires – incalculables – des membres de nos communautés qui ont souffert et continuent de souffrir des interprétations conservatrices de la religion par ses institutions. Certaines des valeurs prônées par ces structures affectent directement la vie sociale, politique et culturelle des personnes trans. Et ces histoires, qu’on le veuille ou non, imprègnent toujours l’espace dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui.
Si dans les médias la « question trans » est souvent réduite au corps, à ses hormones, à ses courbes et ses aplats, et aux structures médicales et juridiques qui régissent le corps, la transidentité peut se retrouver ailleurs. Le corps importe, bien sûr. Il s’agit à la fois d’un champ de bataille et d’un outil de célébration et de visibilisation précieux. Mais il existe tout un pan immatériel, psychique et spectral des multiples existences trans. Et aujourd’hui, dans la nef de cette ancienne église, c’est cette part invisible, cette flamme, ce nid dans l’esprit, qui se trouve devant vous. C’est dans ce sens que j’ai voulu aborder la question du lieu de manière frontale.
Les artistes ont été invité..es à proposer des œuvres qui permettent, au travers du prisme du sacré, de revisiter la nature des identités non normatives. L’ancienne église devient alors la pierre d’assise d’une exploration de la part métaphysique des expériences de transitude . En offrant l’espace à des artistes trans et non binaires, le MUSO participe à la réécriture ainsi qu’à la redéfinition de l’histoire de sa salle d’exposition. De grès de chair et d’encre, par l’action conjointe des œuvres et des décisions curatoriales, se réapproprie l’espace et nous invite à nous questionner sur les potentialités – culturelles, politiques, sociales et symboliques – d’un sacré alternatif, un sacré non hégémonique, pluriel et fondamentalement trans.
De grès de chair et d’encre propose un nouveau chapitre dans l’histoire de cette chapelle devenue salle d’exposition. Un chapitre qui, le temps de quelques mois, se veut un espace utopique de réflexion et d’exploration. Deux lieux conjoints y ont été aménagés. Tout au fond, la bibliothèque agit comme espace de rencontre et laboratoire de recherche. S’y retrouvent des ouvrages variés, allant du lexique introductif, à l’essai philosophique, en passant par les œuvres contemporain..es de poéte..sses québécois..es. Vous êtes invité..es à vous y installer, à y passer un moment, à y lire quelques pages, à discuter avec votre voisin..e de l’exposition ou de la météo. La bibliothèque cherche à autonomiser l’apprentissage. Peu importe votre niveau de compréhension, un livre saura aller à votre rencontre.
Puis, éparpillées dans la salle, vous trouverez les œuvres de huit artistes dont les contributions individuelles se retrouvent fédérées par leur rapport à différentes formes de sacralité, tantôt intime et tantôt collective. Comment ces œuvres dialoguent-elles avec vos propres conceptions du sacré? Comment raisonnent-elles avec la manière dont s’articulent vos identités?
Les artistes ont été invité..es à proposer des œuvres qui permettent, au travers du prisme du sacré, de revisiter la nature des identités non normatives. L’ancienne église devient alors la pierre d’assise d’une exploration de la part métaphysique des expériences de transitude . En offrant l’espace à des artistes trans et non binaires, le MUSO participe à la réécriture ainsi qu’à la redéfinition de l’histoire de sa salle d’exposition. De grès de chair et d’encre, par l’action conjointe des œuvres et des décisions curatoriales, se réapproprie l’espace et nous invite à nous questionner sur les potentialités – culturelles, politiques, sociales et symboliques – d’un sacré alternatif, un sacré non hégémonique, pluriel et fondamentalement trans.
De grès de chair et d’encre propose un nouveau chapitre dans l’histoire de cette chapelle devenue salle d’exposition. Un chapitre qui, le temps de quelques mois, se veut un espace utopique de réflexion et d’exploration. Deux lieux conjoints y ont été aménagés. Tout au fond, la bibliothèque agit comme espace de rencontre et laboratoire de recherche. S’y retrouvent des ouvrages variés, allant du lexique introductif, à l’essai philosophique, en passant par les œuvres contemporain..es de poéte..sses québécois..es. Vous êtes invité..es à vous y installer, à y passer un moment, à y lire quelques pages, à discuter avec votre voisin..e de l’exposition ou de la météo. La bibliothèque cherche à autonomiser l’apprentissage. Peu importe votre niveau de compréhension, un livre saura aller à votre rencontre.
Puis, éparpillées dans la salle, vous trouverez les œuvres de huit artistes dont les contributions individuelles se retrouvent fédérées par leur rapport à différentes formes de sacralité, tantôt intime et tantôt collective. Comment ces œuvres dialoguent-elles avec vos propres conceptions du sacré? Comment raisonnent-elles avec la manière dont s’articulent vos identités?